Comment les ados voient leurs parents sur les réseaux

"UnfollowMe", la campagne d'Amnesty contre la surveillance de masse, pourrait aussi être le résumé des relations parents / ados, en ligne et hors ligne...
« UnfollowMe », la campagne d’Amnesty contre la surveillance de masse, pourrait aussi être le résumé des relations parents / ados, en ligne et hors ligne…

Les parents sont-ils la plaie des réseaux sociaux ? À lire certains posts d’ados sur Twitter ou sur des forums, on peut se poser la question… Pour provocante qu’elle soit, elle trouve aussi une certaine légitimité dans les rapports souvent assez peu nuancés que les parents entretiennent avec ces lieux aux contours flous (« quelle perte de temps ! », « je n’y comprends rien ! »), même s’il est évident qu’il en va des parents comme des enfants : ils sont tous différents.

Selon plusieurs études récentes – et selon le bon sens aussi -,  l’arrivée récente des parents sur Facebook a eu des répercussions sur la présence en ligne des ados. Désormais, si Facebook reste une plate-forme incontournable et intergénérationnelle, le réseau fondé par Mark Zuckerberg il y a 11 ans est utilisé par les ados de manière beaucoup plus parcimonieuse depuis l’arrivée de leurs parents ET de leurs grands-parents. Après avoir essuyé les plâtres des paramètres Facebook, les ados ont fini par prendre la mesure, parfois à leurs dépens, d’une surexposition de leur intimité. Snapchat, Instagram, Whatsapp ou Twitter, réseaux facilement accessibles sur smartphone – voire réservés aux smartphones pour les trois premiers -, fonctionnant donc à l’abri du regard familial, ont bénéficié de ce besoin d’émancipation des ados, qui ont vu dans ces réseaux un excellent moyen de faire rimer « moi » avec « entre-soi ». Ils y ont également vu un moyen de s’exprimer plus librement sur leurs rapports avec leurs parents, parfois tendus à cette période de la vie, et sur les liens qu’ils tissent, ou non, via les réseaux sociaux.

L’utilisation des réseaux sociaux, marqueur générationnel

Les réseaux sociaux restent un lieu important pour s’affirmer, et pour affirmer son savoir-faire par rapport à ses parents. Il est nécessaire, à un moment donné, que le parent s’efface – un peu – afin que l’enfant puisse trouver sa place. Les réseaux sociaux sont le reflet de ce besoin de « ringardisation » du parent, plus ou moins marqué selon les rapports que les ados entretiennent avec leur famille. Les réseaux sociaux sont défrichés, arpentés, labourés par les ados des années 2010 en quête de nouveaux repères par rapport à leurs parents.

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Rappels à l’ordre

Pour autant, se moquer gentiment de la naïveté de certains parents face aux réseaux sociaux est permis, mais étaler ses différends avec ses géniteurs peut être mal perçu. « Afficher ses parents » (les exposer) pour se moquer d’eux est une pratique condamnée par une majorité d’ados.

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Sentiment de surveillance accru

Évidemment, la présence éventuelle des parents en ligne est perçue comme un frein à l’expression de ses sentiments ou à l’envie de partager ses journées. Leur absence est à l’inverse toujours saluée par un pouce levé…

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Le parent-ami, frontière de la vie sociale 2.0

Lorsqu’un ado est en contact avec l’un de ses parents sur un réseau, il s’organise : il exploite les possibilités offertes par les paramétrages. Il range ses activités dans des cases, qu’il remplit en fonction de ses contacts. De la même manière que les ados segmentent leur vie hors ligne, ils segmentent leur vie en ligne, en fonction de la présence, ou non, de leurs parents.

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Qu’est-ce que sera demain ?

Finalement, ces nouveaux rapports parents / enfants ne manquent pas d’interroger les ados sur leur propre perception des réseaux sociaux… et sur leur avenir.

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Quand les ados se posent des questions sur leur vie numérique

IMG_3750Les adultes, en premier lieu les parents, ont souvent l’impression que les univers connectés ne posent aucun problème « technique » aux ados. Si les jeunes s’y sentent effectivement très à l’aise, ou en sont en tous cas de grands consommateurs, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne se posent pas de questions concernant leur vie numérique. Simplement, pour poser leurs questions, ils passent par des canaux – forums, skype, commentaires sur Youtube ou Instagram, etc. – qui ne sont pas, ou peu, fréquentés par des adultes, donnant ainsi l’illusion qu’ils maîtrisent tous les aspects de leur connexion. Pourtant, des questions, ils s’en posent.

Beaucoup de questions débutent par « comment », adverbe interrogatif marqueur de la volonté de faire correctement ses premiers pas en ligne, sans fausse note. Comment ouvrir un compte sur Twitter, comment enlever le contrôle parental… la variété des « comment » est infinie, et résume le coeur des préoccupations propres à cet âge, où l’on s’éloigne de l’enfance, sans encore avoir les clés du monde tel qu’il est.

Bonjour,

Je regarde beaucoup , beaucoup , beaucoup de vidéo sur youtube, et depuis quelques temps , j’ai une idée , c’est de faire mes propres vidéos sur youtube. Mais je ne sais pas comment m’y prendre. Je n’ai pas trouvé de thème précis: -J’aime le jeux vidéo (ex : je joue a Call of duty …. )

– J’aime l’humour ( ex: les vidéo de Cyprien… )

– J’aime les tutos

En fait j’aime bien un peu tout les thèmes !

Mais surtout , ce que je voulais savoir: -je n’ai jamais fait de montages vidéo, comment on fait ?

– (j’ai une xbox360) Quelle matérielle me faudrait il ?

– Comment fait (ex : Squeezie ) pour filmer ses écrans N

Et j’ai plein d’autres questions ! Pourrez vous me renseignez sur youtube , comment on fait des montages , etc……

Bref ! Merci d’avance, je suis désolée si j’ai fait des fautes


Les « comment » sont parfois très techniques, marquant des usages qui ne sont pas nécessairement en phase avec la légalité (afin en particulier de pouvoir télécharger en toute discrétion) mais en phase avec l’époque : pouvoir accéder facilement à du contenu, quel que soit le contexte.

Bonjour,
J’ai une IP fixe et, pour diverses raisons, j’aimerais en changer. Je sais que mon FAI ne me permet pas d’avoir une IP dynamique, cependant certains logiciels le peuvent. Je recherche donc de bons VPN, gratuits si possible, si vous en connaissez je suis preneuse ! J’ai également une question. Est-ce qu’il est possible d’obtenir une IP qui soit constante grâce à un VPN ? Car je voudrais pouvoir garder toujours la même IP (mais évidemment sans que ce soit la mienne), afin que les gens ne se doutent pas que j’utilise un VPN. Si on voit que tous les jours j’ai une IP différente qui me localise à des endroits extrêmement éloignés du globe, ça risque en effet d’être très suspect haha. M’enfin j’en demande sûrement un peu trop, mais j’aimerais bien savoir si c’est possible et, si ça l’est, comment y parvenir.


 

Bijour ! Hé oui, hier je me suis ré-inscrite sur T411 pour télécharger ILLEGALEMENT…  Malheureusement mon ratio est bloqué à 0,71 depuis et j’ai beau dl comme un porc, ça reste bloqué et me faut bien 2 jours pour dl un film. Pourtant sur Pirate Bay aucun pb. Qui veut bien m’aider à comment monter efficacement mon ratio ?

 

Mais la plupart du temps, les questions que se posent les ados sont surtout le reflet des immenses possibilités offertes par les médias sociaux, où viralité, confidentialité, géolocalisation, identité numérique, sont au coeur des interrogations. Mais à la différence des adultes, qui y voient matière à s’alarmer, les questions des ados sont pragmatiques, et visent à tirer parti de ces particularités.

 

Bonsoir ,
Je voudrais savoir si il était possible de mentir sur sa localisation avec messenger sur facebook via la disscution instantanée.


 

Bonjour , alors vouala j’ai besoin d’aide , j’ai un Facebook mais le problème c’est que tous mes amies peuvent voir avec qui je suis amie a chaque fois quant il vont sur mon profil . Alors la question : est ce qu’on peut cacher avec qui ont n’aie amie a chaque fois svp !!


Alors voilà une personne a volé l’une de mes vidéo et l’a publié sur sa chaine comme étant sa création que puis-je faire ?

Ps : j’ai essayé de la signaler mais il faut que je donne mon adresse un numéros de tel etc et j’ai pas trop envie.

 

Parfois, l’infini des possibilités offertes en ligne confine à l’absurde, et met les jeunes utilisateurs face à des problèmes kafkaïens :

 

Bonjour bonjour, en fait, j’ai supprimé un contact skype il y a 2 jours, et j’ai remarqué le jour d’après que celui-ci était dans « demandes de contact en attente ». J’ai recherché dans la barre de recherche de contact Skype son pseudo et j’ai retrouvé notre conversation, sa photo skype, son message d’humeur….ses détails, alors que je l’avais pourtant supprimé, d’ailleurs, il n’est pas dans mes contacts, mais il est juste dans « demandes de contact en attente » avec bien sûr un point d’interrogation. Quand je suis sur la fenêtre de discussion, il y a juste écris « Truck (le pseudo) n’est pas dans votre liste de contacts. Ajouter aux contacts ». Cela veut-il dire que lui ne ma pas supprimé de ses contacts si je peux voir ses détails? M’a-t-il redemandé en contact malgré que je n’ai pas reçu d’invitation?Alors que, j’ai un autre contact que je n’ai pas dans mes contacts car je l’avais supprimé, et celui-ci je peux voir ses détails tout comme l’autre, mais il n’est pas dans « demandes de contact en attente » :S


Et comme souvent, les réponses sont données par les ados eux-mêmes. L’entraide et le collaboratif sont fréquents, tout comme d’ailleurs le trolling, ou l’art de créer des polémiques sur… rien.
Avec ses « 10 choses à ne pas faire sur les réseaux sociaux », ce jeune Youtuber comptabilise à ce jour plus de 100 000 vues, preuve que sa vidéo répond à des besoins.

La bataille des hashtags

BlogAdos-hashtags en tt

C’est presque devenu un rituel depuis que les ados ont commencé à investir largement Twitter il y a un peu plus de deux ans : lors des vacances scolaires, les ados trustent systématiquement les Trending Topics. Les vacances de Noël n’ont pas échappé à la règle. Les Trending Topics, TT pour les habitués, donnent, comme leur nom l’indique en anglais, la tendance des sujets les plus tweetés, le plus souvent à l’aide d’un hashtag. Selon certaines études, il faudrait environ 1950 tweets postés par au moins 950 utilisateurs pour atteindre les TT France entre 18 heures et minuit…

Il s’agit là pour les ados présents sur Twitter d’un jeu qui leur permet à la fois de ne pas s’ennuyer, mais également de tester et manifester leur influence en prenant possession d’un territoire numérique. Surtout, ces TT sont pour la plupart le reflet de la manière dont les jeunes abordent ce réseau : en tant que fans. Car ce qui a attiré au départ les ados sur Twitter – en plus de l’absence de leurs parents -, c’est la possibilité de suivre leurs idoles, Justin Bieber et les One Direction en tête, ainsi que d’autres musiciens (Little Mix, 5SOS pour citer les plus actifs), mais aussi des youtubeurs ou youtubeuses. Twitter constitue à ce titre un des chaînons de leur vie numérique, elle-même un des chaînons de leur vie. Décortiquer quelques-uns des hashtags qui ont été propulsés par les ados, c’est comprendre leurs modes de fonctionnement en réseaux, et leurs centres d’intérêt.

Fanbase vs fanbase

Quand on observe les hashtags les plus populaires, ils marquent, souvent, l’affrontement de fanbases : les fanbases, ce sont ces millions d’abonnés, de fans, transformés pour l’occasion en petits soldats des réseaux, prêts à en découdre – comprenez : à tweeter et retweeter sans relâche – afin que leurs idoles restent en tête des Trending Topics. Parmi les fanbases, les Directioners (fans des One Direction) et les Beliebers (fans de Justin Bieber) sont parmi les plus actives, et les vacances ont une nouvelle fois été une période d’affrontement par 140 signes interposés.

Ainsi, #StopAuxSecteBeliberDirectioner (sic), lancé comme provocation par un twittos désoeuvré (mais suivi par plus de 130 000 followers) :

 

https://twitter.com/TrevyGucci_/status/550756289937412096

 

Très rapidement, le hashtag, lancé au lendemain du nouvel An, période pour le moins calme, a tracé sa route, grâce évidemment aux réponses des fans, qui se sont appuyés sur le hashtag pour affirmer leur suprématie :

 

https://twitter.com/drugxhoran/status/550948312862707712

Hashtag qui a également permis une réconciliation, du moins temporaire :

 

 

Car les Beliebers n’ont pas tardé à répliquer avec un hashtag en forme de mise au point :

Des hashtags idiomatiques

Pendant les vacances, les fans se lâchent et aiment « délirer » autour de leurs groupes favoris. Ainsi, un improbable #congratsonthebabyniall, incompréhensible aux non initiés (et parfois même aux initiés…) a fait la une de Twitter. Traduit, le hashtag dit « Félicitations pour ton bébé, Niall », Niall étant l’un des 4 membres des One Direction, qui pourtant n’est pas encore père. Ce hashtag est issu de l’imagination sans fin des fans du groupe, qui scrutent les moindres photos, faits et gestes des 4 garçons, et de leurs relations amoureuses. C’est ainsi que la fanbase s’est lâchée sur ce hashtag, faisant circuler de nombreux photomontages mettant en scène Niall… venant d’accoucher. Cet univers, compréhensible uniquement par les fans, qui a ses propres idiomes, ne lasse pas d’étonner :

 

 

Et on n’a pas fini de voir ces hashtags en une. La puissance de feu des Directioners impressionne d’autres chanteurs, qui tentent de s’en inspirer :

 

https://twitter.com/SarahBenOff/status/551126251965251584

Sur Twitter, des comptes Gossip Girl à la française

Esthétique soignée, références à l'univers ado : gossip, ou la version 2.0 du corbeau.
Esthétique soignée, références à l’univers ado : gossip, ou la version 2.0 du corbeau.

C’est un phénomène récent, dont on s’étonne qu’il n’ait pas explosé plus tôt : celui des comptes Twitter « gossip », en référence à la série télé à succès « Gossip Girl », série où une informatrice anonyme met la pagaille dans les écoles de l’Upper East side new yorkais avec ses SMS délateurs. Depuis le début d’année, plusieurs comptes balançant des infos explicites sur des collégiens ou lycéens de plusieurs établissements scolaires, en particulier des Hauts-de-Seine, ont essaimé sur le réseau social. À Lisieux aussi, début mars, un compte gossip a semé la pagaille dans la petite ville normande pendant trois jours avant d’être fermé. D’autres villes ou établissements scolaires de France ont également leur compte gossip, mais la plupart du temps, ces comptes meurent tout seuls, faute de véritables ragots, malgré les appels insistants de leurs créateurs à « envoyer des bails » (traduction : dénoncer des relations amoureuses). À chaque fois, ces gossips sont très perturbants pour ceux qui sont nommément cités.  Et si certains comptes ont été rapidement suspendus, d’autres continuent provisoirement de déverser des ragots, en donnant en pâture les noms d’éventuels protagonistes à quelques centaines de followers.

Ces comptes Twitter s’inscrivent donc dans le prolongement de séries à succès comme Gossip Girl ou Pretty Little Liars, prioritairement destinées à un public adolescent, et mettent en scène, dans tous les sens du terme, les corbeaux 2.0 et leurs victimes potentielles. Pourtant, on peut se demander pourquoi ces comptes ne sont pas apparus plus tôt, et pourquoi ils n’essaiment pas davantage : Twitter est en vogue chez les ados depuis deux ans, et la série Gossip Girl date quant à elle de 2007. Or, en France en tous cas, hormis quelques tentatives isolées, les comptes les plus actifs datent du début d’année.

Quand ils ne sont pas fermés, les comptes "gossip" meurent d'eux mêmes, faute d'être alimentés.
Quand ils ne sont pas fermés, les comptes « gossip » meurent d’eux mêmes, faute d’être alimentés.

La « meute » adolescente, que l’on décrit parfois à l’oeuvre pour participer à du harcèlement en ligne, est également à l’oeuvre pour veiller au grain dans l’autre sens : les créateurs anonymes de ces comptes sont honnis de leurs pairs, et si l’on en juge aux réactions des ados sur Twitter, tous n’aspirent qu’à une chose, la fermeture de ces comptes, et la fin des délations. Les corbeaux, qu’ils soient en ligne ou hors ligne, qu’ils soient ados ou adultes, sont à juste titre très mal perçus dans nos sociétés, et les réseaux sociaux jouent de manière positive de leur effet caisse de résonance pour faire en sorte que ces comptes soient signalés, et fermés. Ces comptes sont à la confluence de l’IRL et de ce que l’on a coutume, à tort, d’appeler virtuel : ils mêlent vie numérique et vie réelle aussi bien dans leur contenu, que dans leur propagation (les cours de récré et les smartphones) ou leur résolution (conseil de discipline ou explication IRL, et signalement Twitter). Ce phénomène gossip rappelle aussi, une fois de plus, l’intérêt de l’éducation en général, et de l’éducation aux médias en particulier…

Portrait-robot de l’ado connecté, version 2014

Des ados sensibilisés au like
Des ados sensibilisés au like

L’an passé, nous avions dressé le portrait-robot d’un ado connecté, après avoir passé une journée avec des classes de 4e dans uin collège près de Rouen : nous avions alors rencontré des ados consommateurs, passant beaucoup de temps en ligne sans forcément maîtriser les paramètres de protection de la vie privée, avec des parents au rôle un peu flou. Les frontières ont-elles bougé en un an ? Comment la vie numérique des ados a-t-elle évolué ? Pour le savoir, Ados 3.0 est retourné dans le même collège, près de Rouen, et a passé la journée avec des classes de 4e au cours d’une séance de sensibilisation aux usages du Net faite par Nadya Benyounès, chargée de mission Tice au CRDP de Rouen.

Il y a au final peu de différence entre un élève de 13 ans en 2013, et un élève de 13 ans en 2014. Le rôle des parents est toujours aussi flou, et les ados passent toujours autant de temps en ligne.

Toutefois, trois éléments ressortent de cette journée avec ces classes, représentant environ une centaine d’élèves.

Premièrement, contrairement à ce que soulignent quelques études récentes, environ 90% des élèves de ces classes de 4e sont inscrits sur Facebook, qui reste le réseau sur lequel ils passent le plus de temps. Facebook demeure le réflexe de connexion, avec Youtube pour les vidéos, dont ils connaissent toutes les stars. Que font les ados sur Facebook ? Ils likent des photos, et se contrefichent de voir des pubs s’afficher en fonction de leur historique de navigation. « C’est pas grave ! » et « De toutes façons, on peut rien y faire » sont leurs réponses fétiches.

Deuxièmement, deux applis ont fait une percée incontestable dans leur univers : Snapchat et Ask. Tous n’y sont pas, mais de plus en plus les connaissent, tandis que l’an passé, c’est Twitter qui était dans ce rôle de réseau en phase de découverte. Et contrairement à ce que les adultes pourraient penser, ils ne sont pas dupes : ils savent très bien que le côté éphémère de Snapchat n’existe pas, et que des captures d’écran sont possibles. « Sur Snapchat, on discute avec des photos. De toutes façons, on  est habitués, sur Facebook, c’est pareil, tout le monde peut voir les photos. »
De même avec Ask, un réseau qui arrive avec une certaine réputation, voire une réputation certaine : « Plein de gens se sont suicidés à cause de Ask », « Ask, ça sert à humilier les gens » expliquent ceux qui connaissent. Sur la centaine d’ados, environ 40% étaient déjà allés faire un tour sur le site, sans nécessairement s’en servir régulièrement.

Enfin, dernier point : deux verbes ont fait leur apparition dans le vocabulaire de ces ados, deux verbes qui en disent long sur l’orientation que prend le numérique : « monétiser » et « sponsoriser ». Certains, sans trop savoir de quelle manière, ont entendu parler de vidéos sur Youtube qui auraient enrichi leurs créateurs. Souvent, le « like », qu’il soit celui apposé sur une page Facebook ou une vidéo Youtube, est confondu avec « argent ». « Quand on like, ça donne de l’argent à Facebook ».

Quand les ados sondent les ados

BlogAdos- dispositif relais rive droite brestParce que les pratiques numériques adolescentes évoluent à très haut débit, le Dispositif Relais Rive Droite Brest, un dispositif (classe et atelier) d’aide d’accompagnement d’élèves de collège en situation de décrochage scolaire, a mis au point, sous la houlette de leur professeur Monique Argoualc’h, un questionnaire destiné à mieux connaître les rapports entre ados et Internet. « Nous utilisons beaucoup le numérique dans le cadre du dispositif relais, et je fais toujours un point sur les pratiques des élèves. Je constate que ces pratiques changent rapidement, j’ai donc voulu en savoir plus, et surtout associer les élèves à ces questions. » explique Monique Argoualc’h. « Nous nous sommes rapprochés d’Annabelle Boutet, sociologue à Telecom Bretagne, car j’aime que des intervenants extérieurs, experts dans un domaine, accompagnent les élèves (ainsi, par exemple, sur d’autres projets, un vidéaste, une plasticienne, un journaliste, une formatrice TUIC, ou encore l’animatrice d’un EHPAD, etc. interviennent en classe). Deux élèves ont travaillé avec Annabelle, qui validait ou pas leurs questions. Ensuite, Gérard Marquié, de l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire), a vu l’info passer et a proposé son aide. L’équipe était formée. »

Les élèves sont présents à toutes les étapes : préparation, diffusion, et exploitation des résultats. Dans un premier temps, chaque élève du Dispositif Relais propose à l’équipe de direction de son collège de rattachement de faire passer le questionnaire aux collégiens. « Mais nous communiquons de la manière la plus large possible, car pour les élèves, c’est une reconnaissance de leur travail, et cela les aide à améliorer leur estime de soi. »

Le questionnaire, répérable par la balise #adosinternet, est en ligne sur le site du Dispositif Relais Rive Droite Brest. Le numérique est également utilisé dans le cadre de l’opération Intergener@tions : les élèves du Dispositif forment des personnes âgées à l’utilisation des nouvelles technologies. On en reparlera bientôt sur Seniors 3.0, preuve que le numérique est bien un créateur de liens entre les générations.

Dans l’antichambre de Facebook

BlogAdos-logoMSPSi vous avez plus de 10 ans, vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Good Game Farmer, Habbo Hotel, Bobbalive, Woozworld ou Movie Star Planet. Ce sont un peu les arbres qui cachent la forêt du Web 2.0, version premiers pas : des sites dont les adultes n’ont aucune connaissance -ou seulement en superficie- mais dont les préados sont particulièrement friands. Bien avant Facebook ou Twitter, les tweens (préados en anglais) effectuent leurs premiers clics sociaux sur des jeux en ligne. C’est dans la cour de récré, qui reste encore le lieu privilégié pour la popularisation des pratiques numériques naissantes, que les noms de ces sites circulent et s’échangent. Les enfants entre 9 et 12 ans s’y donnent rendez-vous et s’y retrouvent après l’école. Ces sites sont en quelque sorte les nouveaux jardins d’enfant, les parcs de jeux favoris des juniors en soirée.

Les ancêtres de ces jeux s’appellent Second Life ou les Sims, jeux dits sociaux, dont le principe est assez simple : évoluer dans un univers (appelé métavers, pour méta univers), se faire de nouveaux amis. La vie, somme toute, mais la vie derrière un écran, accessible d’un clic, pleine de promesses.

Et les préados adorent. C’est en premier lieu sur Habbo ou Good Game Farmer qu’ils réseautent à la mode 2.0. C’est là qu’ils s’initient à l’ouverture d’un compte, qu’ils découvrent le chat, les avatars, l’usage d’un pseudo, les « amis » qu’ils n’ont jamais rencontrés et qu’ils ne rencontreront probablement jamais… La plupart du temps, ils le font seuls, ou avec un copain ou une copine de leur âge.

C’est là, donc, qu’apparaît l’embryon de leur identité numérique, la plupart du temps sous l’oeil distrait des parents, bien plus attentifs aux usages sur Facebook parce que la plate-forme est ultra médiatisée, qu’aux pratiques sur Movie Star Planet. Et pourtant… le principe est souvent le même : une fois son personnage créé, le joueur évolue dans son univers (un hôtel, un appartement, un jardin, ou un décor de cinéma), avec pour objectif de devenir VIP (ou équivalent). Les codes propres aux réseaux sociaux sont en place : retrouver des amis, créer sa page, consulter un forum, chatter, devenir populaire, poster des photos ou des vidéos. Les parents, probablement rassurés par l’aspect ludique des lieux, ignorent que les chats peuvent également parfois être le témoin d’échanges d’insultes gratuites, même si les sites ont mis en place des systèmes où les insultes sont bannies. Ces sites attisent aussi les jalousies et incitent certains joueurs avides de progresser le plus vite possible à devenir des pirates en herbe en récupérant des mots de passe, pour pouvoir grimper plus rapidement dans la hiérarchie…

Souvent présentés comme « créatifs », ces jeux sont surtout des incitations à la consommation sous toutes ses formes, le meilleur moyen de devenir VIP étant d’acheter un pass, l’achat (réel) s’effectuant parfois à l’insu des jeunes joueurs.

Habbo Hotel, bien qu’en perte de vitesse après des scandales liés à la présence de pédophiles parmi les joueurs, revendique plus de 200 millions d’inscrits dans le monde. Des développeurs amateurs ont créé des sites miroirs, appelés rétroserveurs, ou « rétros » dans le jargon ado, qui permettent de mettre en scène des univers très proches, voire copiés et revendiqués comme tels, du jeu imaginé par la société finlandaise Sulake. Ces rétros sont nombreux, illégaux, ce qui ne les empêche pas de rencontrer un certain succès dans le sillage de leur « aîné ».

Si les problèmes sur les sites de jeux sociaux existent, il faut également faire confiance aux ados pour s’affranchir de ces dérives, ou faire avec et les contourner. Nombreux sont les témoignages d’ados nostalgiques de leurs années « habbo » ou « MSP » (Movie Star Planet)… ou au contraire, nombreux également sont ceux qui honnissent désormais ces sites où ils ont passé tant de temps, manière de s’afficher comme « grands ». Ce n’est plus Facebook le rituel d’un passage à une certaine maturité numérique, mais bien plutôt le séjour au sein de ces univers virtuels.

 

Ados, vous pouvez répéter la question ?

ados questionsLe Monde pointait récemment la montée en puissance du site Ask.fm chez les ados. De quoi s’agit-il ? D’un réseau, très simple d’accès, où chacun peut poser des questions à qui bon lui semble, sous son nom, son pseudo, ou, et c’est là que le bât blesse, de manière totalement anonyme. « Qu’est-ce que tu penses des tatouages ? », « Envers qui es-tu reconnaissant aujourd’hui ? » « Quel est ton plat préféré ? », pour les plus banales, proposées aux nouveaux inscrits, à des questions bien plus directes et intimes, du style « Kevin, c’est ton mec ? » ou « Célib ou en couple ? », résurgence 2013 des « asv » (âge, sexe, ville) qui étaient la première entrée en matière sur les sites de chats du début des années de 2000, Caramail et Voilà en tête.

Et ça fonctionne toujours autant : créé il y a trois ans par des Lettons, Ask.fm occupe aujourd’hui la troisième place française en matière de temps passé sur les réseaux sociaux, avec 45 minutes par mois, contre 5 heures pour Facebook d’après Médiamétrie. Dans la foulée de l’article du Monde, de nombreux médias ont relayé les dérives propres à ce type de site, où dès la première visite, on est effectivement frappé de constater à quel point les insultes pleuvent facilement, étant donné la possibilité de poster de manière totalement anonyme, l’option « Autoriser des questions anonymes sur ton profil » étant cochée d’office. Plusieurs cas de suicides ont été imputés plus ou moins directement au site, notamment en Grande-Bretagne.

Ask.fm n’est que le dernier-né d’une lignée de sites fondés sur le principe très simple des questions / réponses, très prisés par les adolescents, pour qui ce système est une manière efficace de mieux se connaître en se confrontant à ses pairs, voire, pour certains de mieux se *faire* connaître. Il est toujours question, sans jeu de mots, de soi. Le site californien Formspring, fondé sur ce principe, a connu son heure de gloire en 2010, avant d’être lui aussi montré du doigt pour des problèmes de harcèlement, dont l’un s’est soldé par le suicide d’un jeune de 17 ans.

Mais c’est sur les forums que ce système de questions / réponses est apparu, en particulier sur le plus connu d’entre eux, Reddit. Les « Ask me anything« , AMA pour les intimes, sont une des institutions du site, où tout un chacun peut proposer de se soumettre à la question, y compris… le président des Etats-Unis : Barack Obama a en effet répondu l’an passé à un AMA, qui a généré plus de 10 000 questions…

Décryptage d’un hashtag

Dimanche 21 avril, alors que défilaient à Paris les pro et anti mariage pour tous, les ados s’emparaient des TT (trending topics) de Twitter pour faire en quelque sorte leur manif mariage pour tous, mais selon leurs codes à eux. Ils ont en effet propulsé en tête des hashtags France l’improbable #TeamQuiEnARienAFoutreDeLarryEtLouanor. Pour alambiqué qu’il soit, ce mot-dièse est à lui seul un concentré de notre époque, au croisement des usages numériques et des questions sociétales. Décryptage.

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Vu de loin, c’est-à-dire vu du smartphone de ceux qui ont passé l’âge d’écouter NRJ, ce #TeamQuiEnARienAFoutreDeLarryEtLouanor est totalement incompréhensible. Qui sont donc ces Larry et Louanor ? Pour y répondre, il faut emprunter un navigateur parsemé de Tumblr, Skyblogs, Twitter, et fanpages dont raffolent les ados, et grâce auxquels on acquiert une solide culture en matière de… One Direction.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, les One Direction sont, avec Justin Bieber, le groupe de musique qui mobilise le plus ses fans sur (et hors) les réseaux sociaux. Composé de 5 garçons dans le vent, le groupe est adulé par des millions de groupies dans le monde, qui se passionnent évidemment pour la vie amoureuse des “boys”. Essayons de résumer sobrement et clairement le scénario, aux confins de Nous Deux et Salut les copains version 2013 : l’un des chanteurs, Louis Tomlinson, est officiellement en couple avec Eleonore, une jeune étudiante. Mais certains “directioners”, nom officiel des fans du groupe, soupçonnent une autre réalité : cette idylle serait montée de toutes pièces pour masquer une relation amoureuse entre Louis et un autre membre du groupe, Harry. Arrivé à ce point du récit, le hashtag #TeamQuiEnARienAFoutreDeLarryEtLouanor commence à faire sens : Larry, c’est la contraction de Louis et Harry, et Louanor, le diminutif d’Eleonor. Tout le monde suit ? Car derrière ce mot-dièse, se cachent deux camps de fans, deux teams, représentant deux visions du couple, et surtout, quelle que soit la team, une utilisation particulièrement efficace des réseaux sociaux et des outils numériques pour se faire entendre.

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Les “Larry Shippers” adorent l’idée que Larry et Louis sont amoureux et forment un couple officieux. Les shippers sont un phénomène né dans les années 2000, issu des séries télé, en particulier des séries pour ados, où les fans suivaient une série en fonction d’un couple, réel ou supposé. Étymologiquement, un shipper vient de l’anglais “ship”, abréviation de “relationship”, relation amoureuse (dans ce contexte). Les Larry Shippers aiment l’idée de la romance entre les deux boys, et estiment que Louanor n’est qu’un fake, une fausse histoire. De l’autre côté, appelons-le Team Louanor, on estime que Louis et Harry ne vivent qu’une bromance. Qu’est-ce qu’une bromance ? Contraction de “brother” et “romance”, ce mot-valise s’applique aux relations amicales, fraternelles, que peuvent avoir deux garçons entre eux.

Alors certes, on peut se gausser du côté futile de ce #TeamQuiEnARienAFoutreDeLarryEtLouanor. Mais c’est passer à côté d’un condensé intense de notre époque, et de pratiques numériques très élaborées. Le hashtag met en lumière une certaine vision du monde comme il va, où se tissent de nouveaux liens, entre romance et bromance, et en plein débat sur le mariage homosexuel, même si le lien est rarement fait dans les tweets.

Et dans les nombreux Tumblr ou Skyblogs consacrés aux One Direction, les fans font montre de compétences très étendues en matière de recherches et d’analyses sur Internet, faisant du mode collaboratif un must. “Tu es une Larry Shipper quand tu y crois dur comme fer et que tu cherches des preuves encore et encore” résume une skyblogueuse. Les directioners, qu’ils soient “Larry Shippers” ou “bromances”, sont capables de mener des enquêtes en ligne à la manière de cyberdétectives, épluchant Youtube, Google Images, hantant les forums, remontant les timelines des comptes Twitter de la fanbase du groupe, analysant les commentaires et les likes sur Instagram, essayant de démêler le vrai du faux dans un monde de faux-semblants et de marketing. Ils connaissent par coeur les outils 2.0, et perpétuent à leur manière des pratiques issues de la fanfiction, ce mode d’expression communautaire qui s’approprie une histoire et la réécrit selon ses aspirations. Voilà, en résumé, ce qui s’abrite derrière #TeamQuiEnARienAFoutreDeLarryEtLouanor : #tolérance #bromance #shipper #musique #réseauxsociaux #undimanchesurTwitter #so2013…

Les icônes de l’Insta-réalité

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Si vous avez plus de 13 ans, vous ne les connaissez sûrement pas. Leur figure de proue s’appelle Benjamin Lasnier. Dans sa bio Instagram, le jeune homme, qui vient tout juste de fêter ses 14 ans (70 000 likes en guise de cadeau d’anniversaire) explique qu’il passe son temps libre à “interagir avec les meilleurs follwers/fans du monde”. Il faut dire qu’avec près de 865 000 abonnés sur Instagram, il y a même de quoi y passer ses journées entières. Sans parler des 479 000 fans Facebook (dans ce contexte, ses seulement 110 000 followers sur Twitter font du coup un peu tache). Et pourquoi tant de centaines de milliers de likers potentiels ? Il ne chante pas. N’est pas acteur. N’est pas mannequin. N’a rien inventé. Mais… il est “cute” comme disent ses fans. Mignon. Beau gosse. Et ressemble comme deux gouttes d’eau à Justin Bieber. Et puis c’est à peu près tout. Benjamin Lasnier a pour fait d’arme sa ressemblance avec une idole vieillissante (19 ans…), elle-même issue de Youtube. Il ne s’en cache pas, et en joue tranquillement.

Selon la légende, le jeune franco-danois s’est inscrit sur Instagram l’an passé sur les conseils d’un cousin. Son visage lisse, effectivement très proche de celui de Justin Bieber, a assuré la viralité de ses premières photos, qui ont de suite été likées par des dizaines de fans. Aujourd’hui, chacun de ses clichés, qui le représentent, dans 90 % des cas, de face, en gros plan, souriant, génère au minimum 60 000 likes et des centaines de commentaires. Et c’est vraisemblablement en vertu de ses milliers de fans (et de sa “beaugossitude”) qu’il vient de signer un contrat avec Sony.

À l’ère du numérique, la bio de ces nouvelles icônes se résume d’abord par des chiffres, avant de se résumer par des faits. Benjamin Lasnier n’est pas le seul inconnu connu. Les icônes de l’Insta-réalité, figées dans des poses lisses, aseptisées, affichant des milliers de fans, sont de plus en plus nombreuses. À commencer par la propre famille de Benjamin Lasnier : sa soeur Amanda, (12 ans ?), compte déjà 40 000 followers. Son petit frère Marius (6 ans ?) a une page qui réunit plus de 3 000 fans. Son propre chien est suivi par 46 000 amis sur Instagram. La dynastie Lasnier est en route… Et puis il y a aussi par exemple le Français @Bonjourantoine, 20 000 abonnés, 60 photos (principalement des photos de… Justin Bieber et Benjamin Lasnier), qui se présente ainsi (en anglais dans le texte) : “J’ai 13 ans et je suis célibataire”.

Avec Instagram, les tweens (ou pré-ados) ont trouvé un fabuleux terrain pour se rapprocher de leurs idoles. Mieux encore : les tweens, à coup de likes et de commentaires, ont la possibilité de façonner leurs propres icônes, lisses, interchangeables, asexuées, éternellement jeunes, éternellement Bieber, qu’ils peuvent sans complexe abandonner du jour au lendemain, avec cette impression, renforcée par les liens issus de l’alliance magique entre réseaux sociaux et smartphones, qu’ils peuvent les toucher du doigt, au propre comme au figuré. Figées dans une “Insta-réalité” faite de sourires (“I’m here to make you happy” affirme Benjamin Lasnier), de duck faces, et de maximes prêtes à l’emploi comme en raffolent les ados, ces icônes semblent vides, mais rassurantes. Chaque fan peut y projeter ses propres fantasmes, ses propres souhaits, ses propres envies, y voir ses propres stars, sans changer d’icône, ni sur l’ordinateur, ni sur l’iPod. Fans et stars de cette insta-réalité, comme dans un remake 2.0 du Village des Damnés, ont finalement fait leur cette maxime likée par 50 000 fans de Benjamin Lasnier : “On dit que la beauté intérieure est plus importante que la beauté extérieure, mais dans notre société, ce n’est pas le cas. Personne ne vous donne la chance de montrer votre beauté intérieure si vous n’êtes pas beau à l’extérieur.”